SARTÈNE
LE MAIRE ET L’EMPRUNT
Voici mon intervention devant le
conseil municipal du 28 janvier 2003 :
Mes chers collègues,
Dans son projet de délibération
le Maire propose que notre conseil municipal lui délègue le pouvoir de réaliser
des emprunts destinés au financement des investissements prévus par le budget,
pour un montant maximal de 200 000 €.
Cette possibilité, qui n’est
pas une obligation, est fondée sur l’article L 2122-22 du CGCT :
« Le maire peut, en outre, par délégation du conseil
municipal, être chargé, en tout ou partie, et pour la durée de son mandat :
…
3° De
procéder, dans les limites fixées par le conseil municipal, à la réalisation
des emprunts destinés au financement des investissements prévus par le budget,
et aux opérations financières utiles à la gestion des emprunts, y compris les
opérations de couvertures des risques de taux et de change ainsi que de prendre
les décisions mentionnées au III de l'article L. 1618-2 (dérogation de dépôt de fonds au compte du
Trésor pour certaines ressources) et au a de l'article L. 2221-5-1, (dérogation de dépôt de fonds au compte du
Trésor pour les réserves de trésorerie) sous
réserve des dispositions du c de ce
même article, et de passer à cet effet les actes nécessaires ;
…… »
&&&
Cette
délégation doit être examinée avec une attention particulière depuis que de
nombreuses collectivités locales ont connu d’importantes difficultés après
avoir souscrit des « emprunts toxiques ».
C’est d’ailleurs ce qui a conduit
le gouvernement à inciter les collectivités locales et les banques à signer une
charte entrée en vigueur le 1er janvier 2010 qui permet de clarifier le contenu des emprunts souscrits
suivant leur niveau de risque.
En pratique les collectivités
avaient souscrit des emprunts à taux variables, qui étaient très intéressants
les premières années. Mais comme ils étaient reliés au taux de change entre
monnaies, après cette courte période les taux s’envolaient et ont placé les
collectivités en situation délicate.
La charte classifie donc les
emprunts en catégories en fonction du
risque et de la complexité du
produit.
&&&
Aussi la délégation anodine de
l’article L 2122-22 du CGCT a suscité des précisions de la part du
ministre de l’intérieur et de celui des finances, après les nombreuses
difficultés rencontrées par des collectivités locales qui détenaient des « emprunts
toxiques ».
La circulaire NOR IOCB1015077C du
ministre de l’intérieur du 25 juin 2010 relative aux produits financiers
offerts aux collectivités territoriales, demande aux collectivités
de mieux formaliser leur politique de gestion de la dette et de souscription
d'emprunts nouveaux.
L'instruction comptable 10-019-M10 du
3 août 2010 donne toutes les précisions utiles sur les divers types de produits
financiers (emprunts, trésorerie, gestion de la dette) ainsi que sur le rôle de
conseil du comptable public.
C’est dire la prudence qui est désormais demandée aux collectivités locales !
&&&
Dans sa circulaire, le ministre
de l’intérieur demande donc à chaque conseil municipal de préciser le contenu
de la délégation donnée au Maire, si telle est sa décision, notamment sur les
points suivants :
1 - Types de
produits financiers (emprunt, trésorerie, renégociation) ;
2 - Niveau annuel
de l’emprunt global de la collectivité ;
3 - Sécurité
et complexité du produit financier souscrit ;
4 - Obligation
d’information du conseil municipal s’agissant des emprunts souscrits afin de vérifier
si le ou les emprunts souscrits correspondent bien à la délégation.
Au surplus la circulaire
recommande de limiter la délégation à un seul exercice afin de pouvoir
réexaminer chaque année la situation de l’endettement, lors du rapport sur
l’état et l’évolution de la dette.
C’est aussi la totalité de ces
éléments que le ministre demande à chaque service du contrôle de légalité de
vérifier.
Tous ces éléments ne figurent pas dans le
projet de délibération présenté au conseil municipal qui est manifestement
illégal dans la mesure où son contenu est imprécis et général (Arrêt du Conseil d’Etat
du 2 février 2000, commune de Saint Joseph).
C’est donc un projet de délibération incomplet
et manifestement illégal qui nous est proposé.
&&&
Mais pour en revenir à notre
commune, je rappelle que le CA de 2011 actait des recettes de fonctionnement de
3 181 850 €, qui étaient absorbées par les dépenses de fonctionnement
pour 3 084 252 € et par un remboursement du capital de la dette de
200 144 €.
C’est-à-dire que les dépenses (3 084 252 +
200 144 = 3 284 396 €) représentaient
103,22 % des recettes, sachant qu’à 105 % c’est la chambre régionale des comptes qui intervient
et que nous nous retrouverions alors dans la même position que la CCSV.
D’un point de vue pratique il y a
également intérêt à ce que nous examinions collégialement les conséquences des
emprunts souscrits, puisque la gestion actuelle nous a conduit tout près de la
limite d’intervention de la CRC , d’autant
qu’au CA 2011, la dette de la commune était déjà de 1 122 681 €.
&&&
Depuis quelques
années maintenant, le Maire est seul pour gérer les finances de notre commune.
Et nos appels répétés lui demandant de pourvoir au remplacement du premier
adjoint en charge des finances n’ont pas eu de réponse à ce jour.
D’un point de
vue politique je pense que cette voie n’est pas la bonne.
La décision
d’emprunter doit à mon sens, relever de la responsabilité pleine et entière du
conseil municipal, dont chaque membre a été désigné par les Sartenaises et les
Sartenais.
(A piazza di notte - Cliquer pour agrandir) |
&&&
Pour les raisons de droit ci-avant
exposée, au regard de la situation financière et des conditions d’exercice de
son mandat par le Maire, je voterai contre l’adoption du projet de délibération
et saisirai le Sous Préfet le cas échéant.
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