EST NÉCESSAIRE
AU DÉVELOPPEMENT ECONOMIQUE
DES ILES !
En raison des difficultés que connait le port de notre micro-région, le CULLITIVU PRUBIA PORTU VIVU a organisé un débat afin que la population prenne conscience des conséquences désastreuses de la disparition éventuelle des liaisons maritimes avec la Sardaigne.
Voici mon intervention lors de cette réunion :
1 - Le principe de la
continuité territoriale
C’est un principe reconnu par les
Etas qui composent l’UE pour compenser les handicaps de leurs îles, leur éloignement,
leur enclavement et leur manque d'accessibilité.
Pour des raisons historiques et
surtout d’une vision essentiellement nationale la continuité territoriale s’est
bâtie sur des relations intra étatiques ignorant totalement la géographie.
Ce n’est pas ici que je vais
convaincre que la distance qui nous relie avec nos voisins sardes ou toscans ou
romains suivant que l’on se trouve à Propriano, Bastia ou Porto-Vecchio est
inférieure à celle qui nous relie à Marseille.
Mais nous ne sommes pas les seuls :
ainsi l'île danoise de Bornholm, qui est à 36 km à peine de la Suède n’a de liaison
maritime qu’avec Copenhague, sa capitale qui est à 150 km .
Les
faits me conduisent à dire est que les liaisons reliant les territoires
insulaires aux autres territoires de l’UE qui leur sont les plus proches ne
sont pas encore intégrées dans les politiques de l’UE.
2 – L’apport du
traité de Lisbonne
L’article 174 du traité de
l’UE, modifié par le traité de Lisbonne en 2010, pose le principe du
renforcement de la cohésion économique, sociale et territoriale.
L’objectif de l’UE tel qu’énoncé
par cet article est de réduire :
→l’écart de
développement des diverses régions
→et le retard
des régions les moins favorisées.
Le texte prend soin de préciser
qu’une attention particulière est accordée à trois types de zones :
→les zones
rurales,
→les zones où
s’opère une transition industrielle
→et les
régions qui souffrent de handicaps naturels, mentionnant explicitement les îles
et les zones de montagne.
Cette politique qui représente 36
% du budget communautaire, vient en importance de moyens juste après la
politique agricole commune (PAC).
Mais il n’y a rien comme
enveloppe budgétaire pour les liaisons entre les îles et les continents de l’UE
qui leur sont géographiquement proche.
Les
faits me conduisent à dire que le renforcement de la cohésion économique des
îles n’est pas encore intégré dans les politiques de l’UE.
3 – L’existant
La liaison entre Bonifacio et la Sardaigne n’est pas
menacée, mais elle repose essentiellement sur du trafic passagers et ne vit
véritablement qu’en été.
La liaison entre Propriano et la Sardaigne qui n’est
qu’une escale de la liaison entre la Sardaigne et Marseille est en réanimation.
C’est mieux que rien, mais les
réalités économiques vont à nouveau s’imposer et faute d’une action politique
au niveau de la CTC ,
de l’Etat et de L’UE, elles conduiront au même constat car la ligne
connait un déficit annuel de 500 000 €.
Je vous laisse comparer cette
somme à d’autres sommes versées pour des évènements sportifs, certes
intéressants, mais qui n’ont pas l’importance vitale d’une liaison maritime
continue.
De plus il faut savoir que la Sardaigne , elle,
subventionne la compagnie qui assure la rotation avec Bonifacio à hauteur de 1
M€ pour lui permettre de survivre en hiver.
Sans
votre mobilisation, sans celle des professionnels et sans celle des entreprises
que je représente ici, je ne sais si nous aurions retrouvé cette ligne.
Mais
enfin, mon but n’est pas de polémiquer, puisque la réalité est de constater
qu’elle existe à nouveau.
4 – La vision de la CCIR
En clair la continuité territoriale
européenne devrait permettre de relier des régions de l’UE qui sont proches, de
relier la Corse
à l’Italie.
Alors nous avons adhéré au réseau
INSULEUR, sur la proposition de notre compatriote Henri MALOSSE, président du
Conseil Economique et Social Européen.
Ce réseau qui regroupe toutes les
chambres de commerce de pays de l’UE, a pour objectif :
→de faire
reconnaître que l’insularité est un obstacle au développement,
→d’obtenir la
mise en place d’aides financières comme il en existe tant d’autres pour les
liaisons maritimes îles et continents proches n’appartenant pas au même Etat.
En qualité de Président de la CCIR mon propos ne se limite
pas au Valinco, mais concerne aussi Bastia et l’extrême sud.
Nous avons donc engagé une action
auprès de la commission européenne et des députés européens pour y parvenir.
5 – Ma vision
Je pense que les Etats, tous les
Etats, pas que la France
ont toujours et encore cette vision nationale qui les conduit à favoriser les
liaisons intranationales.
Je pense que pour surmonter cet
obstacle il nous faut passer par un statut des îles, depuis la Grèce jusqu’au Nord de l’UE.
Ce statut serait intégré au
traité de l’UE, acterait enfin la reconnaissance des spécificités insulaires et
mettrait en place des actions pour compenser leur handicap et leurs difficultés
de développement.
Cette vision était en germe dans
le programme de coopération transfrontalière Italie-France maritime 2007-2013.
Il préconisait la mise en œuvre
d’un Groupement Européen de Coopération Territoriale (GECT) de gestion des
liaisons Italie-France pour la période 2014-2020.
Je ne sais aujourd’hui où en est
la mise en place effective de ce programme.
Mais je
crois qu’il souffre d’une vision limitée!
En effet les liaisons envisagées
concernaient deux lignes : Bonifacio et Santa Teresa, d’un côté et
Propriano et Ajaccio avec Porto Torres d’un autre côté.
Vous me direz que c’est un bon
début.
Je serai d’accord avec vous à la
seule condition que ce soit le début des liaisons avec toute l’Italie, des
liaisons qui ne mettent pas de côté Bastia et Porto-Vecchio.
Il est temps de sortir de nos
visions micro-régionales et de se dire : « nous avons obtenu ceci ou cela et que les autres se débrouillent ! ».
Je crois que pour être crédibles
il nous faut, comme nous le faisons avec le programme INSULEUR, présenter une
vision globale, présenter des liaisons géographiquement et économiquement
pertinentes.
C’est le seul moyen de démontrer
que les îles, toutes les îles de l’UE, méritent un traitement spécifique.
Et ce traitement spécifique ne
peut avoir de base juridique, donc de traduction financière que s’il repose sur
un statut des îles de l’UE.
Je vous remercie de votre
attention
Article 174
du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, tel que modifié par le
traité de Lisbonne :
« Afin de promouvoir un développement
harmonieux de l’ensemble de l’Union, celle-ci développe et poursuit son action
tendant au renforcement de sa cohésion économique, sociale et territoriale. En
particulier, l’Union vise à réduire l’écart entre les niveaux de développement
des diverses régions et le retard des régions les moins favorisées. Parmi les
régions concernées, une attention particulière est accordée aux zones rurales,
aux zones où s’opère une transition industrielle et aux régions qui souffrent
de handicaps naturels ou démographiques graves et permanents telles que les
régions les plus septentrionales à très faible densité de population et les
régions insulaires, transfrontalières et de montagne ».
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