RENCONTRE AVEC LE NOUVEAU
« PATRON » DE LA SNCM
(Per quantu tempu?) |
J’ai été convié, en présence de
responsables politiques et économiques à une rencontre avec le nouveau patron
de la SNCM , Olivier
DIEHL, ce 5 août dernier.
Une de ses missions est de
renouer le dialogue et de restaurer la confiance avec la Corse , sa population, ses
élus et ses entreprises.
Monsieur DIEHL s’est félicité que la SNCM reprenne son activité et
a fait, en une première partie de la réunion, un exposé mesuré sur la situation
de l’entreprise.
Il n’en reste pas moins que le
futur de l’entreprise est clairement exposé dans le communiqué de l’actionnaire
principal TRANSDEV, en date du 10 juillet 2014.
Le but premier était de sauver les recettes de la haute saison
touristique et par là même, de restaurer la situation économique et sociale en
Corse et à Marseille.
Le but second était de « travailler à la mise en œuvre des
solutions d'avenir ».
L’objectif final est lui
clairement énoncé : « une solution
de discontinuité dans le cadre d'un redressement judiciaire contrôlé ».
En langage clair cela signifie
que l’activité ne pourra être assurée que par une nouvelle compagnie et toutes
les hypothèses sont ouvertes : repreneur éventuel et/ou partenariat avec la CTC.
Mais l’activité et les emplois ne
seront plus à la hauteur de ce qu’ils sont aujourd’hui : les 2000 emplois et
les dessertes seront touchés !
Les suppressions dépasseront les
500 déjà actées en 2013, tandis que les lignes de Toulon et de Nice sont
menacées et celles vers le Maghreb seront réduites.
Enfin, la société TRANSDEV
rappelle qu’elle ne viendra plus au secours de la SNCM car « sa situation financière ne lui permet
pas de faire face aux besoins de financement de la SNCM sans compromettre son
propre redressement et l'avenir de ses 86 000 salariés ».
Suivant les publications
spécialisées, sur les 130 M€ de pertes enregistrées par TRANSDEV en 2013, 103
provenaient de la SNCM ,
soit plus de 80% du total. Et les 440 M€ de l’UE ne sont pas pris en compte…
La seconde partie de la réunion permettait
à chacune et chacun de formuler ses interrogations.
Je lui ai donc posé les questions
suivantes.
Question 1 : après un déficit de 12 M€ en
201, de 14 M€ en 2012, êtes vous en mesure de nous donner le résultat de
2013 ?
Réponse :
un déficit de 40 M€.
Question 2 : Vous avez provisionné 52 M€
en 2012. Qu'elles sont les provisions de 2013 ?
Réponse :
pas de réponse.
NB :
Les provisions correspondent à des dépenses probables qu’une
entreprise aura à supporter et qui doivent être inscrites au bilan : les
440 M€ d’amende de l’UE.
Question 3 : les 440 M€ sont ils
provisionnés ?
Réponse 3 : Non, car la SNCM serait alors en
redressement judiciaire, redressement judiciaire qui nous semble inévitable
NB :
le redressement judiciaire est la procédure engagée dès lors qu’une entreprise
ne peut plus payer ses dettes ou ses salariés. Elle permet la poursuite de
l'activité de l'entreprise qui aboutit la plupart des cas à une redéfinition
des activités et à un ajustement de l’emploi. Si cette mesure ne suffit pas, l’entreprise
est liquidée : ses biens (les bateaux pour la SNCM ) sont vendus pour permettre
de payer les dettes.
Question 4 : Une partie de votre flotte
est obsolète car les deux cargos mixtes
MONTE D'ORO (mis en service en 1991) et PAGLIA ORBA (mis en service en 1994) avancent à 19 nœuds alors que les navires modernes ont
une vitesse de 27 nœuds à l’image du JEAN NICOLI (mis
en service en 1998). Ce dernier parcourt une
distance identique en 2/3 du temps mis par les anciens navires. Comment y
remédiez-vous ?
Réponse : Nous devons reconstruire une
nouvelle SNCM.
Question 5 : Je vous fais part des inquiétudes des entreprises et vous demande votre vision de l’avenir après le mois d’octobre 2014, date actée avec le médiateur et les syndicats, pour trouver une solution.
Réponse :
L’issue judiciaire nous parait inévitable. Nous sommes en discussion avec
d'éventuels repreneurs et la
CTC. Notre trésorerie nous permet de tenir jusqu'à la
mi-septembre.
La situation
est malheureusement celle là et il ne sert plus à rien de se lamenter et de
chercher des responsables que chacun connait : Etat, privatisation,
bateaux construits pour donner du travail aux chantiers français, gouvernance,
stratégie, concurrence déloyale, agitation syndicale, etc.
Il faut désormais regarder vers
le futur car les chiffres sont implacables : en 10 exercices (de 2004 à
2013) la SNCM a
connu un seul exercice excédentaire : 18 M€ en 2009.
Ce futur fera l’objet d’un prochain billet….
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