lundi 30 septembre 2013

AU DELÀ DE SARTENE
LA VISITE DE LA MINISTRE 
DU COMMERCE EXTÉRIEUR



(Rencontre avec Nicole Briq, Ministre du Commerce extérieur) 

La Ministre du commerce extérieur était en Corse ce 13 septembre, pour rencontrer les entreprises et présenter les objectifs de sa politique visant à renforcer l'offre commerciale de la France et rétablir, à moyen terme, l'équilibre de la balance commerciale.

I – LES OBJECTIFS 

Sa stratégie repose sur le développement d’une offre commerciale  réadaptée aux réalités actuelles. Son choix découle d’une étude menée la direction générale du Trésor visant à faire correspondre l'offre commerciale française avec les demandes des pays à l'horizon 2020.

Cette étude révèle que 47 pays regroupent 80% des importations mondiales. Elles s’élèvent à 8500 milliards d'€ en 2012 et devraient générer près de 12000 milliards d'€ en 2022.

Par delà la politique de grands contrats, la Ministre encourage une offre commerciale associant biens d’équipements, produits destinés aux consommateurs et services, répartie autour de quatre secteurs répondant au besoin du « mieux vivre » des populations : la santé, l’agroalimentaire, les nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) et la ville durable.

L’offre commerciale qui sera encouragée est la suivante :  
Pour la santé : la pharmacie, les dispositifs et équipements médicaux, la parapharmacie et la cosmétique, les services de santé ;
Pour l’agroalimentaire : la qualité et la diversité des produits, la sécurité et la traçabilité alimentaire, la diététique, les équipements agricoles et agroalimentaires ;
Pour les NTIC : les logiciels, le numérique, les composants et produits électroniques à haute valeur ajoutée, la sécurité et les services internet ;
Pour la ville durable : l’ingénierie urbaine, l’architecture, la construction et l’efficacité énergétique, les matériels et services environnementaux et les transports urbains.


II – LEUR MISE EN OEUVRE

En pratique le plan export prévoit:

1 – L’attribution aux régions du pilotage de l’exportation dans leur territoire, dans le cadre de la loi de décentralisation 2013, ce qui était déjà le cas dans l’île avec l’ADEC, qui aura en charge l’élaboration du plan régional pour l’internationalisation des entreprises (PRIE) ;

2 – La mise en place au sein de la nouvelle baque publique d'investissement (BPI), d’un département « international » capable de regrouper  et amplifier les financements export des entreprises ;

3 – L’orientation des aides export dans un processus d’appui à long terme (et non plus seulement ponctuels) ;

4 - Le développement des « clubs d'exportateurs » pour regrouper les PME exportatrices d’une filière autour d'une stratégie commune.


III – ET LA CORSE ?

La CTC agit au travers de l’ADEC, sur a base d’un plan régional de développement des exportations des entreprises de Corse établi en 2009, ainsi que d’un programme CORSEXPORT.

La visite ministérielle a concerné les entreprises répondant à ces grandes priorités : WEBZINE pour les NTIC, CORSICA COSMETICA pour la santé (la parapharmacie exactement), CORSICA GASTRONOMIA et DOMAINE PERALDI pour l’agro-alimentaire et le fleuron industriel de la Corse, Corse Composite Aéronautique.

Mais dans les faits, les exportations de la Corse sont insignifiantes rapportées à celles du pays, suivant les chiffres publiés sur le site http://lekiosque.finances.gouv.fr : le centième de 1% !!! 
Soit 0, 016 % en 2011 et 0, 012 % en 2012. Le Limousin fait 40 fois mieux et l’Auvergne 140 fois mieux comme le montre le tableau ci-après :

(Tableau des exportations en M€)

Chacun peut réfléchir sur les causes : insularité, taille des entreprises, défaut d’ouverture sur la méditerranée notamment. Mais il convient de remarquer que l’insularité ne nuit pas aux importations puisqu’elles sont quatre fois plus importantes que les exportations :

(Les exportations et les importations comparatif en M€)

Enfin on peut s’interroger sur l’efficacité du dispositif CORSEXPORT qui a conduit à attribuer 541 148 € en 2008, à 795 493 € en 2009 et 625 695 € en 2010, montant infime pour influer sur les exportations : 


(Les aides Corsexport et les exportations en €)


IV – LES PISTES A EXPLORER

Je crois tout d’abord que la CCIR doit mener, en collaboration avec les CCI, une information pertinente des aides à l’export, car la lecture du règlement de CORSEXPORT ( 90 pages en 2009 et 55 pages en 2011) a de quoi rebuter les candidats, même s’il s’avère être un bon entrainement pour les entreprises qui vont découvrir de nouvelles règles sur les marchés extérieurs.

Je crois ensuite que la CCIR doit mettre en place, en collaboration avec les CCI, des « clubs d’exportateurs par filière », afin que chaque entreprise ne se retrouve pas à effectuer le même genre de recherche avant de se lancer à l’international. 

Je crois enfin, et c’est ce qui a motivé ma proposition à la Ministre, que la CCIR doit impulser la création de réseaux de « contributeurs à l’exportation ».  Chaque CCI prospecterait à son échelle pour établir ces liens avec l’extérieur, en raison de son de son enracinement local et des liens entretenus avec les Corses établis au travers du monde, et mutualise ensuite le fruit de son travail par le biais de la CCIR.


NB : Voici la suggestion formulée à la Ministre lors de notre entretien. Elle a reçu son aval et ses encouragements :


Madame la Ministre,

Dans un récent ouvrage intitulé, MADE IN GERMANY, l’auteur Guillaume DUVAL, ingénieur, fin connaisseur de l’Allemagne où il a longtemps travaillé, rédacteur en chef d’Alternatives économiques, bouleverse notre vision du modèle allemand.

S’agissant des performances à l’exportation, il montre que l’Allemagne qui est un pays sans colonies, entretien des réseaux dans le monde au travers de supports locaux, qui sont des descendants d’immigrés allemands, parfaitement au courant des spécificités d’un secteur commercial.

Ils sont pour les exportateurs allemands des contributeurs à l’implantation.

Pensez-vous que l’idée d’encourager, à l’image des clubs d’exportateurs que vous prônez, des réseaux de contributeurs à l’exportation soit réalisable en France ?


Si vous adhérez à cette proposition, je suggère que  chaque CCIR prospecte à son échelle pour établir ces liens avec l’extérieur, en raison de son de son enracinement local, et mutualise ensuite le fruit de son travail au travers du réseau des CCI. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire