CCSV DU SARTENAIS - VALINCO
QUAND LE PRÉSIDENT A UNE
LECTURE
DU DROIT FORT ÉTONNANTE !
(A ciuttata di u sole nant'ù Valincu - cliquer pour agrandir) |
Ce mardi 2 avril 2013 a eu lieu une réunion
de la communauté de communes du Sartenais-Valinco (CCSV).
L’ordre du jour était chargé,
jugez-en donc : budget 2013 de l’office du Tourisme et surtout la totalité
des principaux documents budgétaires :
Le compte
administratif 2012 du budget principal de la CCSV ,
Le compte administratif 2012 du budget annexe de
l’eau,
Le compte
administratif 2012 du budget annexe de l’assainissement,
La prévision
budgétaire 2013 pour le budget principal de la CCSV ,
La prévision
budgétaire 2013 pour le budget annexe de l’eau,
La prévision
budgétaire 2013 pour le budget annexe de l’assainissement.
Si les documents budgétaires
relatifs à l’eau et à l’assainissement sont explicites en raison de leur intitulé,
il convient de préciser que le budget principal a notamment en charge tout ce
qui a trait aux ordures ménagères.
Les divers comptes administratifs
(CA) contiennent eux, toutes les recettes et dépenses qui se rapportent au
sujet dont ils ont la charge : ordures ménagères, eau, assainissement. Ils
permettent au conseil communautaire de se prononcer sur la gestion de
l’exécutif.
La participation à cette réunion
me conduit à vous faire part d’une première remarque.
1 – UNE DATE INAPPROPRIÉE
La date du mardi de Pâques était
inappropriée, car l’impressionnante liasse de documents à examiner pour statuer en
parfaite connaissance de cause, est parvenue aux conseillers communautaires le
jeudi Saint. De sorte qu’il y a fort à parier que la période Pascale, vécue
avec beaucoup de ferveur par bon nombre d’entre nous, n’a pas permis de
procéder à un examen serein de ces documents.
Mais enfin….cette réalité a peut-être échappé à l’exécutif et puis ne sommes-nous pas dans une République laïque ? Alors trêve
de bondieuseries nous dirons certains !!!
Mais par delà ce regrettable
aspect factuel, je tiens à formuler deux remarques de fond tenant à
l’illégalité de nos délibérations sur les CA 2012 (partie 2) et sur les budgets
2013 (partie3).
2 – S’AGISSANT DES COMPTES
ADMINISTRATIFS 2012
Pour les nouveaux lecteurs, je
précise que les CA se composent de deux
parties distinctes : une partie fonctionnement (pour assurer le quotidien
de la CCSV ) et
une partie investissement (pour assurer le futur de la CCSV ).
Mais la partie relative à l’investissement du
budget principal ne figurait pas dans les documents qui nous ont été transmis !
Nul ne s’en est inquiété jusqu’à ce que j’en fasse la remarque.
Or suivant le Code général des
collectivités territoriales (CGCT-article L. 2121-13), tout membre de l’assemblée délibérante a le droit, dans le cadre de
sa fonction, d'être informé des affaires
qui font l'objet d'une délibération.
Si les conseillers ont reçu une
information incomplète, les décisions sont illégales, en vertu de
décisions bien établies depuis 1973 par le Conseil d’Etat (9-12-1973, commune
de Pointe-à-Pitre).
Les affaires budgétaires sont également
concernées, puisque les budgets pour lequel un maire a refusé de
porter à la connaissance d'un conseiller municipal les budgets des associations
subventionnées par la commune ou le détail des crédits destinés au versement
d'indemnités au personnel ont été annulées (Conseil d'Etat, 2-02-1996, commune
d'Istres ; 20-11-1996, commune de Chilly-Mazarin).
Je vous rassure, je ne saisirai pas le
tribunal administratif pour deux raisons.
→ Tout d’abord parce que la CCSV est dans une situation
difficile et que les budgets adoptés pour 2013 vont être annulés et établis eux
aussi par le préfet, tout comme en 2011 et en 2012. Il en sera de même pour les
CA 2012 car ils sont essentiels à l’élaboration des budgets 2013.
→ Ensuite par ce que je pense qu’il
s’agit d’une erreur matérielle qui a échappé à la vigilance de Jean PAJANACCI, cheville
ouvrière de la CCSV
dont la probité et l’honnêteté intellectuelle ne sauraient être mise en cause.
Mais pour le futur j’engage
l’exécutif à être plus vigilant et à repousser sa réunion si la situation se
représentait, même s’il faut modifier l’agenda du Président, car le respect de
la loi s’impose à tous.
3 – S’AGISSANT DES BUDGETS
2013
Je vous affirme aujourd’hui que deux budgets adoptés pour l’exercice 2013, sans mon accord, sont illégaux : le budget principal
et le budget annexe de l’eau.
Pourquoi ?
Parce que le budget principal
prévoit le transfert de 671 015,04 € (oui 670 000 € !!!) depuis
sa section de fonctionnement vers la section de fonctionnement du budget annexe
de l’eau.
NB : Sa dénomination exacte
est section d’exploitation, car il s’agit d’un service public industriel et
commercial (SPIC) selon la loi, puisqu’il offre des prestations rémunérées que
les administrés payent avec une redevance. Mais pour une lecture plus aisée je
garderai la dénomination section de fonctionnement au lieu de section
d’exploitation, dans ce billet.
Or les budgets des SPIC doivent
être équilibrés en recettes et en dépenses (Article L2224-1 du CGCT), ce qui
signifie que le budget de l’eau et le budget principal doivent fonctionner de
manière étanche et qu’ils ne peuvent donner lieu à des transferts que pour des
opérations d’investissement majeures.
Notre Président a lui une lecture toute particulière de ce texte.
Il explique que le budget
principal de la CCSV
fonctionne comme un compte épargne et qu’il permet de transférer les sommes
dont ont besoin les budgets de l’eau et de l’assainissement s’ils sont en
déficit.
Mais le préfet et la chambre régionale des
comptes (CRC) ont argumenté et pris des décisions contraires !
Ainsi en 2012, le Préfet et la CRC n’ont pas autorisé le transfert de 445 000
€ de la section d’investissement du budget principal vers la section
de fonctionnement du budget de l’eau.
Le principe est donc rappelé : le budget
principal ne peut fonctionner comme un compte épargne pour alimenter les
budgets annexes, même si notre Président voudrait qu’il en soit
autrement.
Mais pour limiter l’augmentation
du prix de l’eau, compte tenu de la situation alarmante de la CCSV , la CRC a autorisé à titre exceptionnel et pour le seul
exercice 2012, le transfert de 55 000 € de la section de
fonctionnement du budget principal vers la section d’investissement du budget
annexe de l’eau.
Pour les mêmes raisons, le préfet
a autorisé à titre exceptionnel et pour
le seul exercice 2012, le transfert de 55 000 € de la section de
fonctionnement du budget principal vers la section d’exploitation du budget
annexe de l’eau.
Les décisions étaient pragmatiques.
Il fallait éviter une hausse des tarifs trop importante. Cependant la hausse des tarifs a bien eu lieu
depuis le 1er octobre 2012.
D’ailleurs la CRC prenait soin de noter le
17 août 2012, de manière sibylline, que ce transfert ne saurait «conforter»
la CCSV «dans le
bien fondé» des décisions de transfert du budget principal vers le budget d’un
SPIC. (Voir dernier paragraphe de la page 4 de la décision de la CRC du 12 avril 2012 - http://www.ccomptes.fr/Publications/Publications/Communaute-de-communes-Sartenais-Valinco-Corse-du-Sud
).
Je vous laisse donc deviner ce
qui va arriver pour les 670 000 € en cause.
Les budgets vont donc être déférés par le
contrôle de légalité de la sous-préfecture à la CRC et ils seront, cette année aussi, élaborés par
le préfet.
Reste la question que chacun est
en droit de se poser : pourquoi
notre Président n’écoute-t-il pas ses conseillers communautaires et nie
t-il la réalité du droit ? Je n’ai pas de réponse cohérente à vous fournir.
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