AU DELÀ DE
SARTENE
LE VOLET DÉVELOPPEMENT DURABLE DU PADDUC
(Sartè è u Valincu - cliquer pour agrandir) |
La
conférence régionale de coordination du
développement économique et social qui a eu lieu le mardi 22 octobre 2013 était
consacrée à l’examen du volet développement
durable (DD) du PADDUC.
J’y
ai assisté en qualité de président de la chambre de commerce et d’industrie
régionale de la Corse.
Voici mon intervention. Elle a pour but de vous présenter
l’apport des acteurs économiques à l’élaboration du PADDUC. On entend ici ou là
que les élus ne font rien. Moi je vous dis en toute modestie que je prends ma
part d’effort dans ce processus, comme je le fais avec constance à Sartène.
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Dans sa
partie III intitulée « grandes
orientations économiques» le PADDUC retient 27 mesures regroupées en
trois types d’actions :
-tout d’abord l’adaptation
vers l’économie durable,
-ensuite la création
d’emploi et le partage de richesses produites
-et enfin les
équipements en infrastructures et transports.
L’objectif qui est de diminuer les facteurs de dépendance, a conduit à 5 grandes
mesures :
Mesure 1 → Identification des
espaces à risques (naturel ou industriel) pour protéger les
biens et les personnes.
Mesure 2 → Application du principe
de précaution aux modes d’urbanisation des futurs espaces à construire et du principe de
gestion économe des terres agricoles.
Mesure 3 → Valorisation
de l’espace pour transformer la filière touristique en filière de l’économie
durable (transition
touristique).
Mesure 4 → Développement prioritaire des activités économiques basées
sur les ressources propres de l'île, (notamment agriculture et forêt) pour limiter sa dépendance.
Mesure 5 → Identification des actions à mener pour diminuer la
dépendance énergétique.
Je vais donc apporter des commentaires
sur les mesures 3, 4 et 5 qui entrent dans le champ d’action de la CCIR.
I
– SUR LES MESURES 3 ET 5
L’objectif est d’utiliser l’effort à
mener sur le DD en potentiel de
développement et comme vecteur de
qualité pour la filière touristique. De manière pratique il
s’agit :
-de solaire dans les établissements hôteliers,
-de circuit des déchets,
-d’effort en blanchisserie,
-d’aménagement et entretien des sites,
-et de rapprochement avec la faculté de Corte pour valider
économiquement les solutions existantes ou pour soutenir des actions porteuses
de développement.
Reste
à évaluer les besoins financiers pour mettre en œuvre ces objectifs, ce qui
conduit aux interrogations suivantes.
Questionnement 1 : Il
porte sur la forme d’une action publique de levier.
Sera-t-il
plus propice d’avoir des aides ciblées (existantes ou à mettre en place) par le
biais du PO FEDER (ADEC ou OEC) ou des
incitations fiscales indirectes ?
Je
penche pour des incitations fiscales indirectes, à l’image de la zone franche
qui a été la plus grande réussite de l’action publique (exonération d’IS si
transfert de la masse correspondante en fonds propres, exonération de TP
assortie d’une limitation, etc.)
Bien
sur il y a eu des moutons noirs, mais cette mesure a eu le mérite de la simplicité en étant ouverte à toutes les
entreprises qui entraient dans son champ d’action. Elle a été fort opportunément
complétée par les plans COCHEF (pour commission des chefs de services
financiers) chargé de renégocier les dettes fiscales et sociales en cas de
difficultés. Le tout a conduit à un partenariat gagnant-gagnant entre entreprises et puissance publique.
Je
puis cependant vous dire que la majorité des entreprises qui jouent honnêtement
le jeu dans ce type de partenariat, sont favorables à des contrôles a
postériori renforcés avec des mesures appropriées en cas de manquements.
Questionnement 2 : Il
porte sur le prix d’entrée.
Une
entreprise qui entre dans un partenariat avec la puissance publique doit faire
preuve de sa volonté en engageant ses fonds propres. Mais il est évident que
suivant la taille, le type d’entreprise et le projet, l’apport en fonds propres
ne peut être identique.
Aussi
je propose de moduler la participation en fonction de critères à définir en
fonction du secteur pour entrer dans une démarche soutenue par l’action
publique.
Questionnement 3 : Il
porte sur les modalités d’intervention.
Je
crois qu’il faut que le monde de l’entreprise se rapproche plus encore de
l’ADEC et de l’OEC, pour évaluer les actions menées et le degré de satisfaction
des entreprises qui ont bénéficié des divers concours qui leur sont destinés.
Les
retours dont je dispose montrent que bon nombre d’entreprises qui souhaitent
bénéficier d’un concours financier public sont découragées par le circuit administratif qu’elles
qualifient de « lourd », tout en reconnaissant qu’il s’agit de ne pas
dilapider l’argent public.
Un
allègement de la procédure d’accès aux divers concours est souhaité. Il
permettra aux entreprises de concentrer la totalité de leur énergie et de leur
temps sur la réalisation effective du projet. En contrepartie sont souhaités
des contrôles à posteriori approfondis.
Questionnement 4 : Il
porte sur l’appropriation du DD par les entreprises.
Il
conviendrait que le savoir faire et les efforts des entreprises entant dans une
démarche DD soit reconnus par un label.
Je
souhaite que l’on réfléchisse à un label et à une campagne de promotion pour
transmettre l’idée d’entreprises responsables.
II – SUR LA MESURE 4
Questionnement 5 : Sur
le constat
Le
bon sens impose d’abord d’identifier et de quantifier les entreprises qui
travaillent dans le secteur agricole et forestier, leur capacité de production,
leur état financier et leurs perspectives de développement.
C’est
ce que fait l’exhaustif rapport de 162
pages qui nous a été remis mercredi dernier.
Sur
ce point je ne peux que regretter le court délai qui nous a été accordé pour
l’examiner (5 jours) alors qu’il était rédigé depuis le 20 septembre.
Compte
tenu de son contenu je demande à pouvoir faire part des observations de la CCIR sur ledit rapport dans
un délai d’une dizaine de jours.
Questionnement 5 : Sur
le mode d’action en fonction des produits
Un
travail en commun doit s’engager avec les chambres régionales d’agriculture
pour promouvoir les circuits de distribution courts, les produits labellisés
qui sont vendus et mis en valeur par les entreprises de service.
Questionnement 6 : Sur
la biomasse
L’expérience
de Corte (centrale bois énergie) et la filière bois ont fait l’objet d’un
rapport du Président de l’Exécutif les 14 et 15 mars dernier. On y envisage
même la cogénération (production de chaleur et d’électricité).
La centrale de Corte produit les palets
nécessaires à l’alimentation des chaufferies insulaires (OPH 2B-cité Aurore,
Collèges de Montesoro, Biguglia, Baléone, Bonifacio, lycée Jules Antonini,
Fiumorbu et réseau de chaleur de Corte) et exploite le réseau de chaleur de
Corte.
Le passage de la sphère publique à la
sphère privée est en train de prendre corps avec 600 installations
individuelles en 2011. Mais pour en avoir une juste appréciation il faudrait
connaître le nombre d’installations individuelles réalisés annuellement,
données manquante au rapport. Mais le frémissement est là.
Se posent donc toutes les questions
précédentes pour encourager le développement de cette filière.
Je propose qu’une mission commune
CTC-communes et intercommunalités-entreprises de la filière bois et CCI
travaille sur ce cas pratique.
Son but serait de déterminer au plus tôt
ce dont la profession a besoin afin que la CTC l’intègre dans son Plan Climat Energie Corse
(PCEC), l’objectif final demeurant la diminution de la vulnérabilité
énergétique de l’île.
Questionnement
7 : Sur l’apport d’information
Le rapport de la mission d’information de
l’assemblée nationale sur la biomasse au service du développement durable en
date du 19 juin 2013 devrait être présenté aux divers participants à cette
consultation.
Parmi les mesures proposées deux méritent
notre attention :
La 1ère
vise à lutter contre les effets d’aubaine pour éviter un
emballement semblable au secteur photovoltaïque sur la base d’une adaptation
des tarifs d’achats aux avancées
technologiques abaissant les seuils de rentabilité.
La 2ème
vise à soutenir les opérateurs sur l’ensemble de la chaîne. Performante au regard
des autres énergies renouvelables, la biomasse n’est pas encore une énergie
rentable. Les opérateurs doivent être soutenus pour faire avec
les meilleures technologies et les matériaux les moins polluants, les
infrastructures les plus sûres. Mais l’action publique est préconisée dès la production
de bois ou de déchets, et non comme aujourd’hui à compter de l’édification de
l’infrastructure de production d’énergie.
III – SUR L’ENSEMBLE DES
MESURES FAVORABLES AU DD
Je souhaite apporter une vision entrepreneuriale à notre travail. Il est désormais communément reconnu et admis que la création d’emplois relève de la création
d’entreprises.
Certes
des routes, des zones d’activités, des offices et agences qui apportent leur
aide c’est très bien. Mais il faut aussi faciliter la création d’entreprises
productrices (pas la multiplication des salons de thé ou des bars) et leur expansion.
Je
suggère de réfléchir aux moyens suivants pour aider les entreprises de l’île,
compte tenu de leur spécificité (majorité de TPE : très petites entreprises) :
→défiscalisation d’une
partie de l’investissement productif,
→aide à la création
d’entreprise par report d’une partie de la fiscalité indirecte (TVA et autres) pour
les premiers exercices,
→diminution des taxes
locales par les collectivités locales : TLE et CFE (son taux est du
ressort des collectivités locales alors que celui de la CVAE est fixée au niveau
national en fonction du CA),
→mesures générale et
simple de type zone franche et plan COCHEF.
L’exercice
est difficile car nous sommes dans un contexte de crise des finances publiques
qui diminue les recettes des collectivités locales et de l’Etat. Mais si les
entreprises meurent les recettes fiscales diminueront et la courbe du chômage
aura du mal à s’inverser.
IV – SUR L’EXPÉRIENCE DE LA CCIR
Je vous
en ai parlé au début de mon propos et j’y reviens de manière plus précise, car
en la matière les obligations imposées par la réforme des CCI de 2010 se
conjuguent avec les objectifs du PADDUC.
1 – La CCIR et le DD
Les
CCI apportent leur contribution à la réussite des politiques publiques de DD à
la suite de la réforme de 2010 qui nous demande de poursuivre la modernisation
engagée par nos institutions.
Pour
ce faire, la loi donne à la CCIR
compétence pour établir un cadre d’action pour les chambres territoriales dans
les quatre secteurs suivants :
→la gestion des
équipements aéroportuaires et portuaires;
→la formation et
l’enseignement;
→l’aide à la création, à
la transmission et au développement d'entreprises;
→le développement
durable.
Le
but est d’améliorer et d’harmoniser les services rendus aux entreprises de la
région.
Dans
chacun de ces domaines, la CCIR
doit définir ses ambitions, sa stratégie et ses choix au travers d’un document
dénommé schéma sectoriel.
Les
objectifs de la commission chargée de l’élaboration du schéma sectoriel de DD
ont été les suivants :
1er objectif : faire du DD un moyen
d’apporter de la valeur ajoutée pour les produits et services proposés par les entreprises ;
2ème objectif : apporter la vision des
entreprises aux élus de la CTC
chargés d’élaborer le PADDUC.
3ème objectif : proposer des secteurs
prioritaires et un plan d’action.
Mais
les entreprises connaissent la dure loi de la réalité économique. Aussi les
solutions proposées conjuguent pragmatisme et ambitions. En
effet les investissements nécessaires pour intégrer le DD dans la pratique
dépendront bien souvent de la viabilité de l’activité porteuse de cette
pratique.
C’est
la raison pour laquelle les actions à mener sont centrées sur trois secteurs
prioritaires :
-le tourisme,
-l’agro-alimentaire
-et le BTP.
2 – Les objectifs
Ils
sont regroupés en fonction de 2 principes qui ont guidé notre
réflexion :
1er principe : Montrer l’exemple.
2ème principe : Mettre les mains dans
le cambouis.
Les
objectifs sont les suivants :
→ Engager les CCI dans une
démarche interne de DD.
→ Renforcer la contribution
des ports aéroports au DD avec la notion de « portes
d’entrées de l’île estampillées DD ».
→ Initier une veille sur
les pratiques DD des CCI.
→ Evaluer et corriger ces
actions.
3 – Les actions concrètes
Voici
quelques actions concrètes retenues :
A : Démarche RSE (responsabilité sociale des entreprises) dans chaque
CCI : formation
aux achats durables, dématérialisation des marchés, tri des déchets, suivi des
consommations et actions correctives, optimisation des déplacements des élus et
agents.
B : Extension de la
démarche aux ports et aéroports : amélioration des pratiques d’entretien et d’exploitation des
équipements, lutte contre
la pollution de l’eau et des sols, labellisation
« Port durable » ou équivalent sur les aéroports.
C : Création d’une délégation
DD à la CCIR ,
chargée de suivre et de porter la démarche DD au sein des autres schémas
sectoriels.
D : Méthodologie :
elle concilie des actions communes et des actions spécifiques : chaque CCI
expérimentera une action pour la valider et l’adapter avant qu’elle ne soit
étendue à l’autre.
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Vous
voyez le monde ne s’arrête pas à Sartène. En vous présentant cette réflexion
mon souci est que les Sartenaises et les Sartenais sachent ce qui se passe en
Corse, afin de ne pas laisser passer le train du développement.