jeudi 28 août 2014

RENCONTRE AVEC LE NOUVEAU « PATRON » DE LA SNCM

(Per quantu tempu?)

J’ai été convié, en présence de responsables politiques et économiques à une rencontre avec le nouveau patron de la SNCM, Olivier DIEHL, ce 5 août dernier.

Une de ses missions est de renouer le dialogue et de restaurer la confiance avec la Corse, sa population, ses élus et ses entreprises. 


Monsieur DIEHL s’est félicité que la SNCM reprenne son activité et a fait, en une première partie de la réunion, un exposé mesuré sur la situation de l’entreprise.

Il n’en reste pas moins que le futur de l’entreprise est clairement exposé dans le communiqué de l’actionnaire principal TRANSDEV, en date du 10 juillet 2014.

Le but premier était de sauver les recettes de la haute saison touristique et par là même, de restaurer la situation économique et sociale en Corse et à Marseille. 

Le but second était de « travailler à la mise en œuvre des solutions d'avenir ».

L’objectif final est lui clairement énoncé : « une solution de discontinuité dans le cadre d'un redressement judiciaire contrôlé ».

En langage clair cela signifie que l’activité ne pourra être assurée que par une nouvelle compagnie et toutes les hypothèses sont ouvertes : repreneur éventuel et/ou partenariat avec la CTC.

Mais l’activité et les emplois ne seront plus à la hauteur de ce qu’ils sont aujourd’hui : les 2000 emplois et les dessertes seront touchés !

Les suppressions dépasseront les 500 déjà actées en 2013, tandis que les lignes de Toulon et de Nice sont menacées et celles vers le Maghreb seront réduites.

Enfin, la société TRANSDEV rappelle qu’elle ne viendra plus au secours de la SNCM car « sa situation financière ne lui permet pas de faire face aux besoins de financement de la SNCM sans compromettre son propre redressement et l'avenir de ses 86 000 salariés ». 

Suivant les publications spécialisées, sur les 130 M€ de pertes enregistrées par TRANSDEV en 2013, 103 provenaient de la SNCM, soit plus de 80% du total. Et les 440 M€ de l’UE ne sont pas pris en compte…

La seconde partie de la réunion permettait à chacune et chacun de formuler ses interrogations.

Je lui ai donc posé les questions suivantes.

Question 1 : après un déficit de 12 M€ en 201, de 14 M€ en 2012, êtes vous en mesure de nous donner le résultat de 2013 ?
Réponse : un déficit de 40 M€.

Question 2 : Vous avez provisionné 52 M€ en 2012. Qu'elles sont les provisions de 2013 ?
Réponse : pas de réponse.

NB : Les provisions correspondent à des dépenses probables qu’une entreprise aura à supporter et qui doivent être inscrites au bilan : les 440 M€ d’amende de l’UE.

Question 3 : les 440 M€ sont ils provisionnés ?
Réponse 3 : Non, car la SNCM serait alors en redressement judiciaire, redressement judiciaire qui nous semble inévitable

NB : le redressement judiciaire est la procédure engagée dès lors qu’une entreprise ne peut plus payer ses dettes ou ses salariés. Elle permet la poursuite de l'activité de l'entreprise qui aboutit la plupart des cas à une redéfinition des activités et à un ajustement de l’emploi. Si cette mesure ne suffit pas, l’entreprise est liquidée : ses biens (les bateaux pour la SNCM) sont vendus pour permettre de payer les dettes.

Question 4 : Une partie de votre flotte est obsolète car  les deux cargos mixtes MONTE D'ORO (mis en service en 1991) et PAGLIA ORBA (mis en service en 1994) avancent à 19 nœuds alors que les navires modernes ont une vitesse de 27 nœuds à l’image du JEAN NICOLI (mis en service en 1998). Ce dernier parcourt une distance identique en 2/3 du temps mis par les anciens navires. Comment y remédiez-vous ?
Réponse : Nous devons reconstruire une nouvelle SNCM.

Question 5 : Je vous fais part des inquiétudes des entreprises et vous demande votre vision de l’avenir après le mois d’octobre 2014, date actée avec le médiateur et les syndicats, pour trouver une solution.
Réponse : L’issue judiciaire nous parait inévitable. Nous sommes en discussion avec d'éventuels repreneurs et la CTC. Notre trésorerie nous permet de tenir jusqu'à la mi-septembre.


La situation est malheureusement celle là et il ne sert plus à rien de se lamenter et de chercher des responsables que chacun connait : Etat, privatisation, bateaux construits pour donner du travail aux chantiers français, gouvernance, stratégie, concurrence déloyale, agitation syndicale, etc.

Il faut désormais regarder vers le futur car les chiffres sont implacables : en 10 exercices (de 2004 à 2013) la SNCM a connu un seul exercice excédentaire : 18 M€ en 2009.



Ce futur fera l’objet d’un prochain billet….




jeudi 21 août 2014

QUE FAIT LA CHAMBRE
DE COMMERCE ET D’INDUSTRIE DE CORSE ?

(A cudettà di Maratu)


C’est la question que se posent de nombreux chefs d’entreprises et certains de nos concitoyens.

Je vais donc vous parler de ce que je connais le mieux : ce que je fais. 

A l’issue du conflit des transports qui a fortement impacté nos entreprises, des représentants du monde politique et économique ont été conviés à formuler leurs observations au préfet BORIUS, nommé pour mettre en œuvre les mesures gouvernementales d'aides aux entreprises, décidées lors de la rencontre avec le Premier Ministre le 10 juillet 2014.

Voici le document que je lui ai remis :

« Monsieur le Préfet,

Permettez-moi tout d’abord, en mon nom personnel, au nom de tous les élus consulaires et de tous les chefs d’entreprise de vous souhaiter la bienvenue en Corse. 

Je ne vous apprendrai rien en vous disant que vous arrivez après une période particulièrement difficile pour nos entreprises et il a fallu l’intervention du préfet de région pour ramener un peu de calme après les errements connus à Bastia.

Les enquêtes en cours détermineront les responsabilités…

Ceci dit étant où en sommes-nous ?

Chacun sait ici que la SNCM ne pourra échapper à la restructuration et que nous aurons droit à un prochain et ultime conflit social.

Votre mission en préfigure certainement une autre, ce qui est une raison supplémentaire pour l’appréhender dans les meilleures conditions, tant de la part de l’Etat que vous représentez, que pour les entreprises dont je porte la voix.

Lors du déblocage de la situation, nous sommes rentrés de Paris avec un accord scellé par un communiqué du Premier Ministre qui comprend :
1 - une exonération des charges patronales du 3ème trimestre 2014 pour les entreprises des secteurs les plus touchés (transport, agroalimentaire, agriculture, artisanat, tourisme) ;
2 - un étalement  de ces cotisations pour celles qui ne peuvent payer les charges du 2ème trimestre 2014 ;
3 - la mise en place de prêts à taux 0 pour celles qui auront été fortement impactées par le mouvement ;
4 - la nomination d’un expert ministériel qui assurera le suivi du dispositif afin que nous ayons un interlocuteur spécifique.

Votre présence indique que le point 4 a bien été rempli.

Mais s’agissement du point 2, c’est à dire l’étalement des charges patronales du 2ème trimestre, le paiement a du être effectué et pour les entreprises qui n’ont pu le faire les diligences habituelles des organismes de recouvrement ont démarré.

C’est à croire que certains organismes n’ont pas lu le communiqué ou semblent s’exonérer des engagements du Premier Ministre !!!

S’agissant du point 1, l’exonération des charges du 3ème trimestre, nous avons appris, car nous ne sommes pas des juristes fiscalistes et constitutionnels, qu’il nous fallait attendre le vote du Parlement.

S’agissant du point 3, nous sommes dans l’attente du dispositif que nous aurons à mettre en place dans la concertation, si j’en crois l’esprit de notre réunion avec le Premier Ministre.

En somme, à part votre présence nous nous hâtons lentement…

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Alors pour accélérer le mouvement, je vais vous faire part des requêtes des entreprises de la Corse.

Vous pensez qu’il convient d’appliquer un traitement au cas par cas. Nous pensons au contraire qu’il convient d’avoir une réponse globale, simple et lisible.

En voici quelques éléments :

Nous souhaitons tout d’abord, dans l’attente des résultats de l’estimation des pertes qu’un moratoire sur la TVA, ses acomptes, sur les charges patronales et sur le RSI pour les entreprises individuelles soit mis en place afin de permettre aux entreprises de ne pas faire appel aux banques pour retrouver leur trésorerie.

Nous souhaitons ensuite que les organismes tels l’URSAFF et les recettes des impôts suspendent les poursuites et les pénalités conséquentes au retard de versement, toujours dans l’attente de l’estimation des pertes.

Nous souhaitons encore que les résultats de la fréquentation soient comparés à la fréquentation habituelle dès que l’observatoire des transports de la Corse aura publié ses chiffres pour juillet, en concertation avec le président de l’exécutif de la Corse et de l’office des transports. Le but est d’avoir une meilleure appréciation des effets néfastes de l’interruption du service maritime passagers et fret.

Nous souhaitons enfin que les incidences sur le résultat des nos entreprises n'entraînent pas une dégradation de la cotation de la Banque de France.  

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Ceci étant posé, il me faut rappeler quelques éléments de notre tissu entrepreneurial.

1er élément : 95 % de nos entreprises ont entre 0 et 9 salariés. Ce sont des TPE.

2ème élément : le nombre des TPE touchées par la baisse et/ou la rupture de circulation maritime, laisse pensif : près de 700 pour le secteur agroalimentaire, près de 6500 pour le commerce et 4000 pour l’hébergement et la restauration. Dès lors il nous parait important que soit associé à cette réflexion les professionnels qui nous apportent leur concours au quotidien, les experts comptables.  

Vous comprenez maintenant pourquoi nous militons pour une  réponse globale, simple et lisible. Compte tenu de ce tissu de TPE, l’examen des dossiers individuels demandera un laps de temps qui ira au-delà du prochain et ultime conflit de la SNCM et nul besoin d’être devin pour savoir que beaucoup de nos entreprises n’y survivront pas.

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Je tiens pour conclure de vous faire part des interrogations profondes des entreprises :

1 – pensez-vous que les ordres du jour de l’Assemblée Nationale et du Sénat, permettrons d’examiner une mesure législatives dès la rentrée de septembre ?

2 - pensez-vous que la rédaction des mesures réglementaires d’application sera rapide ?

Vous le constatez, Monsieur le Préfet, nous avons des demandes, des éléments et des interrogations proches des préoccupations du terrain.

Je souhaite ardemment, comme toutes les entreprises dont je porte la voix, que les réponses apportées ne se perdent pas dans les méandres fiscaux, réglementaires et constitutionnels.

En mars 1968, Pierre VIANSSON-PONTE dans le Monde, décrivait une France qui s’ennuyait. On sait que les braises couvaient sous la cendre…

J’espère, en tant qu’homme de bonne volonté que nous arriverons au plus tôt à éteindre les braises qui couvent dans nos entreprises.

Je compte, comme les élus consulaires, comme les chefs d’entreprises, que nous serons tous, je dis bien tous, à la hauteur de cette immense tache. »

Il est donc très important que toutes les entreprises, y compris les entreprises personnelles, s’adressent aux chambres consulaires pour y faire valoir l’état de leurs pertes.


NB : Les chiffres fournis pour le nombre d’entreprises potentiellement impactées par la crise des transports, sont ceux de l’INSEE en 2011 (entreprises actives au 31/12/2011) sauf pour le secteur de l’agriculture (pas de statistiques plus récentes que celles établies au 31/12/2010)





 


lundi 18 août 2014


REPRISE


( U Lio di Roccapina)


Chères amies et chers amis de Sartène et d’ailleurs,  

Le 21 mars a eu lieu la publication du dernier billet de ce blog. C’était avant le 1er tour des municipales. Vous avez choisi au travers de vos suffrages une équipe pour diriger la commune et une autre pour l’opposition. A chacune désormais d’accomplir la rude tâche pour laquelle elles ont été élues.

Mes amis et moi n’avons pas recueilli votre assentiment pour être représentés au conseil municipal.

Je m’abstiendrai donc de m’exprimer, pour un temps, sur la gestion des affaires publiques de Sartène, même si je les suis toujours avec beaucoup d’attention.

Je vous disais alors que ce blog avait pour but, par le moyen des nouvelles technologies, de vous apporter plus de transparence et d’information tant sur les réalités communales que sur la vie de la communauté de communes.

Bien qu’il ne se soit pas traduit dans les urnes, l’objectif a été atteint : il y a eu 8600 visites. Et depuis la fin mars il y en a eu 1000 de plus ! Compte tenu de cette évolution et des demandes que vous me formulez de vive voix, j’ai décidé de redonner vie à ce blog, à votre blog.

Nos amis vacanciers vont bientôt prendre le chemin du retour et nous allons tous revenir, après la gaieté et le bonheur des retrouvailles, à la réalité. La réalité dont je traitais alors était celle de Sartène et de la communauté de communes.

La réalité dont je vous parlerai désormais sera économique et sociale pour deux raisons :
-le mandat que j’occupe à la chambre régionale de commerce et d’industrie ;
-la persistance de la crise économique, doublée d’une crise des transports en Corse.

Dans le billet de mars 2014, je vous disais combien la rédaction demande d’humilité. Il en faudra à nouveau, car nous allons rentrer dans une démarche qui fait plus encore appel aux chiffres et aux mouvements de fond qu’ils révèlent.

Je vous dis donc à bientôt et souhaite que vous partagiez le plaisir que j’ai à vous retrouver.



A RIGRAZZIAVI TUTTÈ  È TUTTI !


NB : pour diffuser le blog dites à vos ami(e)s de taper antoinemondoloni.blogspot.fr sur leur moteur de recherche. Merci !